Altera était un grand producteur de FPGA (field-programmable gate array), une sorte de processeur entièrement reconfigurable. En d’autres termes, ses transistors peuvent être réorganisés, à n’importe quel moment, pour exécuter certaines opérations particulières, augmenter la mémoire disponible, etc. Ces puces servent par exemple à créer des prototypes de processeur (ou des processeurs extrêmement spécifiques pour lesquels le volume ne justifie pas une production de processeurs “fixes”), mais aussi pour accélérer des calculs bien particuliers (finance, apprentissage profond, etc.).
“Était”, car la firme a été rachetée, en juin 2015, par Intel, pour un montant non négligeable : plus de seize milliards de dollars. Depuis lors, Altera fait partie de la division PSG d’Intel (programmable solutions group). Cette acquisition a-t-elle été rentable ? Brian Krzanich, CEO à l’époque d’Intel, prévoyait de grandes synergies au niveau des produits. Depuis lors, on a vu notamment des annonces pour des processeurs Xeon embarquant un FPGA. À ce moment-là, Altera était le numéro deux dans la production de FPGA, assez loin derrière Xilinx : ce dernier dépassait la moitié des parts de marché, Altera atteignait le tiers (les deux sociétés représentaient donc nonante pour cent du marché des FPGA).
Désormais, en 2018, les deux firmes se sont rapprochées : Xilinx reste dominant, mais Intel PSG grandit plus vite, dans un marché qui ne cesse de s’étendre (six milliards de dollars en 2017, dix milliards attendus en 2023). En chiffres, Xilinx a, le trimestre dernier, enregistré une croissance de vingt et un pour cent de ses revenus (avec un total deux milliards et demi de dollars en 2017), tandis qu’Intel PSG est monté à septante pour cent (pour un total de deux milliards en 2017).
Pour le futur, Xilinx prévoit d’exploiter l’avantage des processus de fabrication de semi-conducteurs : le passage au 7 nm de TSMC (déjà en production sur d’autres segments) se fera en 2018 (sous le nom de code de “projet Everest”, qui inclut un FPGA et des cœurs de calcul), quand Intel s’empêtre dans son 10 nm (les deux technologies étant similaires, malgré la différence de nom) et ne pourra sortir de FPGA sur cette technologie qu’en 2020 (approximativement).
Néanmoins, Intel prépare une autre carte : celle des puces à fonction fixe. En effet, la firme a racheté eASIC, un fabricant de semi-conducteurs spécialisés et déployables dans des centres informatiques. La stratégie semble donc la suivante : quand un client a fini de développer son application avec des FPGA, si le besoin d’une performance encore supérieure (ou d’une consommation énergétique plus faible) se présente, il pourra demander à Intel de fabriquer les processeurs à fonction fixe correspondants, avec une transition largement facilitée.
Sources : Is Intel’s $16.7 Billion Acquisition Paying Off?, Intel Is Gaining Against Its Biggest Rival in This Lucrative Market.
Il y a trois ans, Intel rachetait Altera
Depuis lors, les parts de marché ne cessent d'augmenter
Il y a trois ans, Intel rachetait Altera
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Le , par dourouc05
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