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Un plan européen pour le développement de superordinateurs d'un exaflops

Deux machines déployées à l'horizon 2023

Le 2017-04-09 22:12:10, par dourouc05, Responsable Qt & Livres
Les superordinateurs actuels sont arrivés à la limite de leur conception, avec une puissance de l’ordre de vingt pétaflops (vingt  millions de milliards d’opérations en virgule flottante par seconde). Ils sont utilisés pour des prévisions météorologiques et climatiques, des simulations d’explosions nucléaires ou de combustion, par exemple. Cependant, pour affiner la précision de ces calculs et développer de nouvelles applications, cette puissance n’est pas suffisante : la prochaine marche est au niveau de l’exaflops (un milliard de milliards d’opérations par seconde).

La principale difficulté pour atteindre cette nouvelle barre réside dans la consommation énergétique de ces machines : on pourrait construire un superordinateur d’un exaflops sans problème… à condition d’y adjoindre une centrale nucléaire complète !
L’objectif est donc d’augmenter fortement l’efficacité énergétique de ces ordinateurs, par tous les moyens.

C’est dans ce contexte que sept pays européens se sont accordés sur un plan de développement de superordinateurs de cette puissance, lors de l’anniversaire du traité de Rome (Allemagne, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal). L’objectif est d’avoir deux prototypes d’ici à 2020 et deux machines d’un exaflops chacune d’ici à 2022, positionnées dans le top 3 mondial (mise en production pour 2023) — l’entièreté des machines serait de conception européenne, les processeurs et le logiciel y compris. Ce projet est très ambitieux, vu le chemin qu’il reste à parcourir : il est comparé au lancement d’Airbus dans les années 1990 ou Galileo dans les années 2000.

Le contexte européen favorise aussi ce type de plan : en effet, les pays de l’Union européenne correspondent à cinq pour cent des produits et services de type HPC, mais en consomment les deux tiers. En cas de conflit politique, par exemple, il n’est pas impossible que l’Europe se retrouve dépourvue dans le domaine. L’objectif industriel serait de faire émerger l’Europe comme un leader mondial, du même niveau que les États-Unis, le Japon ou, plus récemment, la Chine. En effet, aucun État membre ne serait capable de rivaliser avec ces puissances : ces objectifs ne sont atteignables qu’en mutualisant les efforts.

Le financement prévu est de l’ordre de sept cents millions d’euros, dans le cadre du programme H2020, via des partenariats public-privé (un montant similaire devrait être levé du côté privé). Peu de sociétés seraient vraiment éligibles : à part Bull, en France, aucun acteur du domaine en Europe n’a de capitaux purement européens. Cela tombe bien : Bull a lancé le projet Mont Blanc, qui cherche à exploiter des processeurs ARM et des processeurs graphiques pour atteindre de très hauts niveaux d’efficacité énergétique.

Sources : EU Outlines Plan to Develop Home-Grown Exascale Supercomputers, EU ministers commit to digitising Europe with high-performance computing power.
  Discussion forum
7 commentaires
  • VivienD
    Membre émérite
    C'est vrai que le parc informatique européen actuel laisse à désirer, donc vouloir y investir le milliard pour pouvoir enfin gagner notre indépendance numérique est selon moi une bonne chose. Toutefois, une phrase du vice-président Andrus Ansip me laisse un goût un peu amer dans la bouche:
    Envoyé par Michael Guilloux
    [...]

    « Les superordinateurs sont le moteur qui fait avancer l'économie numérique. La course est rude et l'Union est actuellement à la traîne : nous n'avons pas de superordinateurs dans les dix premiers du classement mondial », a déclaré Andrus Ansip, vice-président de la Commission européenne chargé du marché unique numérique. [...]
    À croire qu'on n'investit dans ce domaine que pour essayer de montrer qu'on a la plus grosse...
  • KEKE93
    Membre éclairé
    Petite correction: le lancement d'Airbus remonte aux années 70 ( 1974 pour l'A300) et non aux années 90.

    Sinon, j'ai envie de dire, seulement 2 fois 700 millions d'Euros... C'est largement en deça de ce qu'il a fallu dépenser pour Gallileo ou un avion Airbus. Je crois qu' un programme comme l'A380 ou l'A350 tourne plutôt vers les 7 ~ 9 milliards d'Euros si ce n'est plus!!
  • abriotde
    Membre chevronné
    Les 98% restants servent au refroidissement
    Non je pense que outre le refroidissement, il y a le réseau (le transport de l'information) qui consomme et la mémoire (qui est grandement redondé). C'est tout ce que je vois. Je suppose tout de même que le plus gros poste, est le refroidissement mais cela ne peux dépasser 60 à 80% maximum. Enfin j'imagine.
  • RyzenOC
    Inactif
    travaillant sur ce projet j'ajoute quelques chiffres:
    2% seulement de l'électricité consommée par un supercalculateur servent au calcul
    3Gflop/W c'est l’efficacité moyenne des équipements actuels
    30% du coût d'un supercomputer est consacrés à l'énergie
  • arond
    Membre expérimenté
    Envoyé par RyzenOC
    2% seulement de l'électricité consommée par un supercalculateur servent au calcul
    Les 98% restants servent au refroidissement ?
  • marsupial
    Expert éminent
    Ils ont été plus tard rejoints par la Belgique, la Slovénie, la Bulgarie, la Suisse, la Grèce et la Croatie.
    La Suisse ne fait pas partie de l'UE. C'est dire que le besoin est grand et d'importance. Ce partenariat public-privé ne devrait être que bénéfique.